LES SIGNES DE TEMPS


L’ERE KIMBANGUISTE

A la question de savoir qui est Simon Kimbangu, le catéchisme kimbanguiste répond en se fondant sur la promesse faite par Christ au sujet de l’envoi du Saint-Esprit( et situe l’existence de Kimbangu depuis l’éternité(1). D’où l’affirmation : Simon Kimbangu est le Saint-Esprit que soutient la doctrine kimbanguiste.

Cette affirmation qui sous-entend l’investissement de Dieu dans l’histoire (car il s’agit d’une des personnes de la trinité), nous amène à croire qu’une ère nouvelle a été inaugurée pour l’humanité depuis la venue de Simon Kimbangu que nous appelons « l’ère kimbanguiste ». Ceci suppose une discontinuité dans la continuité de la révélation de Dieu c’est-à-dire une rupture où le christianisme, étendard de la révélation de Dieu de l’époque, a passé le relais au Kimbanguisme pour la conduite de l’humanité dans la concrétisation du plan du salut de Dieu comme lui-même (le christianisme) en a fait l’expérience devant le judaïsme au début de l’ère chrétienne. L’arrogance qui nous caractérise aujourd’hui peut trouver ceci comme une aberration. Mais cette insinuation ne change rien au plan de Dieu. Car plusieurs considérations attestent en faveur de ce relais que le Christianisme a passé au Kimbanguisme. Entre autres, nous citons :

1º Le Contexte de la venue de Simon Kimbangu

Simon Kimbangu qui est né le 12 septembre 1887 est apparu dans un contexte où notre humanité s’était sérieusement éloignée de Dieu et partant, ternie son image vis-à-vis de son Créateur. Il suffit pour s’en rendre compte de suivre la pensée de l’époque orientée vers l’exaltation de l’Homme tandis que paradoxalement, par-ci par-là, la théologie soutenait la thèse de la mort de Dieu. C’est sur ce fil conducteur pétri dans la sécularisation que va s’orienter la « mission civilisatrice de l’Occident » tout en se voulant porte- étendard du Christianisme. Partant, Comprenez, de quelle Evangile le reste du monde a reçu des mains de l’Occident de par son évangélisation missionnaire. Sans doute, nous sommes en présence d’un christianisme coupé du Christ. Jules Requin, un échantillon de cette vision des choses de l’époque, ne s’est pas voilé la face quand il s’est adressé aux missionnaires venant exercer au Congo-belge (2). D’où les contradictions : colonisation, déracinement des peuples, trafic des esclaves, apartheid, ségrégation raciale, etc.

Cette exaltation de l’homme peut-être vue aussi comme le couronnement d’un processus qui n’a eu comme finalité que de dénaturer l’Eglise. Car d’une communauté charismatique à l’époque primitive, elle est devenue terre de sécheresse spirituelle aujourd’hui. Pour cet état de choses plusieurs facteurs pourraient passer à l’interrogatoire y compris l’inculturation de l’Evangile dont l’Occident a fait preuve, Occident considéré ici comme porte-étendard du christianisme. Car la résurgence du paganisme dans laquelle verse l’Occident, traduit bien le degré de l’assimilation de l’Evangile. Pour bien cerner la question, il suffit, par exemple, de se demander ce que représentent les festivités de Noël aujourd’hui. Ne pourrions-nous pas conclure quelles ont repris leur première signification, celle d’une fête païenne dédiée à Mithra avec des réjouissances mondaines ? Alors, à quoi a servi l’inculturation (le transfert en faveur de Jésus-Christ) ?

Nous pourrions poser la même question en ce qui concerne aussi la fête de pâques et ainsi s’étonner devant la « conventionalité » dont l’Eglise a toujours eu recours et pourtant, celui pour qui elle applique toutes ces conventions (Jésus-Christ donc), elle le déclare vivant et éternel. A moins que cette déclaration vienne seulement des lèvres. Car si elle est vraiment une confession de foi, nous trouvons que l’Eglise n’avait pas tout comme n’a pas besoin de conventions pour fixer des données sur son Seigneur. Car il lui suffisait comme il lui suffit encore aujourd’hui, croyons-nous, de fléchir ses genoux et demander à son Seigneur et la réponse ne manquerait pas. La liste des interrogatoires pourrait s’allonger et concerner aussi la perpétuité des dieux païens orchestrée par l’occident dans notre quotidien (lundi : jour de la lune, mardi : jour de Mars, mercredi : jour de Mercure, Jeudi : Jour de Jupiter, Vendredi : jour de Venus, Samedi : jour de saturne, Sunday : jour du Soleil, janvier : mois dédié au dieu Janus, Avril : mois dédié au dieu Aphrodite, mai : mois dédié au dieu Maia, etc.) Quand Dieu signifie son aversion envers les idoles. Serait-il que les dieux païens ne sont pas-ils concernés (Exode 20,1ss) ?

Ainsi pour confondre les forts, Dieu prend le parti des opprimés et se constitue un noyau parmi les écrasés de l’histoire pour manifester sa puissance et assurer la libération à tous selon la logique trouvant qu'en libérant l'opprimé, on libère aussi l'oppresseur.

2º La mission de Simon Kimbangu

La mission accomplie par Simon Kimbangu constitue une réactualisation de celle accomplie par Christ en Palestine. Et comme il ne pouvait en être autrement, de la même façon que Yavhé (Dieu le Père) n’a laissé un seul instant Jésus-Christ ( Dieu le Fils) ; de la même façon aussi Jésus-Christ n’a laissé un seul instant Simon Kimbangu (Dieu, le Saint-Esprit) tout au long de son ministère. Pour preuve, Marie Muilu, épouse de Kimbangu, l’avait surpris plus d’une fois entrain de s’entretenir avec une voix. Et cherchant à s’enquérir, Simon Kimbangu lui dira qu’il s’agissait de Christ(3). Maman Muilu n’a pas été la seule personne à avoir été témoin. L’histoire enregistre aussi le nom de Nsumbu, un ami de Kimbangu, qui est passé par la même expérience.

Pour tout ce que Christ a dit à Kimbangu, nous pouvons retenir: «Mbuene vo bantu bame bena kaka muna tombe kia nkobo. Minsamuni mia nsamu wa mbote miatekila kabatwadisanga nsikudusu zame ye basadilanga mavangu ma baú kibeni. Bubu wutu, ngeye nsolele mpasi vo wasingika salu kiokio. Sikama wadiatisa zimpangi zaku mu kubasonga ntemo wa mpuluzu, mpasi vo bakatuka mu kiwayi ye bakota mu Kimpuanza” . Ce qui se traduit par : je vois que mon peuple continue à croupir dans les ténèbres les plus profondes. Les missionnaires qui ont précédés, se sont détournés de mes orientations et ont appliqués leurs propres volontés. Maintenant, je te choisis pour redresser la situation. Lève-toi pour conduire tes frères et les orienter vers la lumière du salut afin qu’ils soient délivrés de la servitude et ainsi vivre dans la liberté (4).

Partant, de par cette main conductrice du Christ, l’Evangile a été vécu en plénitude en Afrique. Car, les malades ont été guéris, les paralytiques ont marchés, les aveugles ont vu, les sourds ont entendu, les morts ont été ressuscités, etc. Il est à noter que tout au long de son ministère, Simon Kimbangu ne s'est lassé de prêcher l'Evangile et s'est toujours déclaré être l'envoyé de Jésus-Christ.

S’il y a une chose qui a coûté cher à Simon Kimbangu tout au long de son ministère, c’est l’énigme qu’il a utilisé signifiant que le noir deviendra blanc et le blanc deviendra noir ; une façon de dire NON à l’ordre existant à l’époque montrant par là que la triple réduction (ontologique, épistémologique et théologique) à laquelle les noirs étaient soumis n’avait rien de divin . A ses proches, il expliqua que cet énigme visait juste la justice entre tous les êtres humains. Car, dira t-il, viendra des jours où des Noirs édicteront des lois dans leurs pays respectifs auxquelles des blancs obéiront aussi. Quant à la dimension de cette mission, c’est Mikala Mandombe, une collaboratrice de Kimbangu qui nous rapporte ce que Kimbangu, leur a dit le 29 juillet 1952, soit environ 9 mois après la disparition physique de celui-ci. Kimbangu dira : « Christ a remis entre mains les quatre coins du monde. Dans l’avenir, il n’y aura qu’

- une seule Eglise,
- une seule langue
- un seul chef, moi, Kimbangu.

Alors, qu’est –ce que l’humanité peut attendre du Kimbanguisme ?

Le Kimbanguisme propose un rapprochement entre Dieu et l’humanité par Simon Kimbangu considéré comme un privilège que l’humanité a encore eu où Dieu a, une fois de plus, accepté d’assumer la condition humaine. Par ce rapprochement, le Kimbanguisme propose la conduite de la destinée de l’humanité selon la formule « Amour-Commandements- œuvres», une trilogie qui synthétise et rappelle à l’humanité l’apport de la Trinité dans le plan du salut de Dieu. Ainsi comme pédagogue, dira Paul, nous avons les commandements de Dieu (la Loi) comme charte de la première alliance. Une fois la maturité acquise, l’humanité est sensé s’abandonner à Christ.

Comme dira toujours Paul, ce ne serait plus nous qui vivons mais bien Christ qui vit en nous. D’où la communion, l’Amour comme charte de la seconde alliance. Une fois retournée à Dieu, l’humanité est sensé vivre dépouillée de son vieil Homme et revêtue du nouvel Homme. D’où les œuvres de foi comme charte de la troisième alliance. Partant, nous n’hésitons pas d’inscrire dans le registre du Saint-Esprit tous les progrès accomplis dans les rapports entre humains au sein de l’humanité (fin de la colonisation, fin du trafic des esclaves, fin des ségrégations raciales (avec aujourd’hui un président noir aux Etats-Unis !), des progrès significatifs dans l’extirpation du déracinement des peuples avec l’élection des présidents indigènes en Amérique latine, fin de l’apartheid. Naturalisation des immigrés en Europe, etc.) Nous inscrivons ces progrès comme signe de la manifestation du Saint-Esprit car ils visent une société juste. Or, la justice est un des attributs de Dieu.

Quant à la libération vis-à-vis de l’emprise païenne, le Kimbanguisme s’est démarqué de la convention sur la Nativité du Christ en proposant la date du 25 mai, date de la naissance de Dialungana Kiangani, Christ revenu dont certains secrets sont encore á dévoiler. Entretemps, à partir de l’écriture Mandombe, un calendrier est entrain d´être mis en place. Nous espérons que ce calendrier pourrait s’appesantir sur la découverte de Mr. Ngoma Saturnin qui a pu se rendre compte que (5) :

- le 27 Avril 1959 fut un « lundi » et qu’en ce jour maman Muilu nous a quitté physiquement;
- le 17 Mars 1992 fut un « mardi » et qu’en ce jour Papa Kisolokele nous a quitté physiquement ;
- le 08 Juillet 1992 fut « mercredi » et qu’en ce jour Papa Diangienda nous a quitté physiquement ;
- le 16 Août 2001 fut « un jeudi » et qu’en ce jour papa Dialungana nous a quitté physiquement ;
- le 12 Octobre 1951 fut « un vendredi » et qu’en ce jour papa Kimbangu nous a quitté physiquement.

Nous sollicitons cette attention parce que, comme nous l’avons signalé, notre quotidien perpétue une dévotion aux dieux païens orchestré par l’occident. L’histoire a déjà retenue des réactions sur la question telle celle enregistrée au Portugal où la référence aux dieux païens pour les jours de la semaine a été écartée. Ainsi, au Portugal :

- le sabbat (sábado) est retenu pour le 7ième jour de la semaine comme consigné dans la Bible, sans pour autant être le jour du repos, celui-ci transféré au dimanche (Domingo)pour faire las différence avec le judaïsme ;
- le dimanche est retenu comme le premier jour de la semaine et jour du Seigneur (donc jour du repos) parce que jour de la résurrection comme consigné dans la Bible.
Quant aux autres jours, au Portugal on fait juste référence aux « foires ». Ainsi, le dimanche étant le premier jour de la semaine :

- le lundi correspond à la seconde foire (segunda-feira) ;
- le mardi correspond à la troisième foire (terça-feira) ;
- le mercredi correspond à la quatrième foire (quarta-fiera) ;
- le Jeudi correspond à la cinquième foire (quinta-feira) ;
- le vendredi correspond à la sixième foire (sexta-feira) .

Or, hormis le sabbat et le dimanche qui sont fondés sur des références bibliques, la réaction portugaise ne nous éloigne pas autant de la mondanité. Et voilà comme par coïncidence, les figures marquantes du Kimbanguisme s’occuper chacun des jours qui ne sont fondées sur des références bibliques :

- Muilu : lundi,
- Kisolokele : Mardi,
- Diangienda : Mercredi,
- Dialungana : Jeudi,
- Kimbangu : vendredi.

Ces occupations ne sont-elles pas suggestives ?


Lisbonne, le 29 Août 2010.

Kalemba Manzo Constantino.


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(1) Dialungana K., Biuvu ye nvutu, N'kamba,Ed. Impriki,1970, p.1
(2) Avenir colonial Belge, n° du 30 octobre 1921 Bruxelles. Jules requin a dit : réverend Pères et chers compatriotes, Soyez les bienvenus dans notre seconde patrie,
le Congo-Belge. La tâche que vous êtes conviés à y accomplir est très délicate et demande beaucoup de tact.
Prêtres, vous venez certes pour évangéliser.
Mais cette évangélisation doit s’inspirer de notre grand principe :
tout avant tout pour les intérêts de la métropole
(la Belgique). Le but essentiel de votre mission n’est donc point d’apprendre aux noirs à connaître Dieu.
Ils le connaissent déjà.
Ils parlent et se soumettent à un Nzambé ou un Nvindi-Mukulu et que sais-je encore.
Ils savent que tuer, voler, calomnier, injurier est mauvais…
(3) Diangienda K., Histoire du kimbanguisme, Kinshasa, 1984, Ed. kimbanguistes, pp.23-24.
(4) Diangienda Kuntima, Ntuadusulu ye nsikudusu za dibundu, Nkamba, Ed. Impriki, p.1.
(5) Saturnin Ngoma, 16 Août 2001, mort de papa Dialungana Kiangani.
La disparition d’un chef et le problème de sa succession in www.kimbanguisme.net.

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